A – faire du théâtre de rue (depuis 1998)
B – prendre un objet du quotidien ( une tente Deux secondes, une cabine téléphonique…)
C -faire exploser le sérieux pour trouver le rire qui est dessous
le Petit Monsieur ou l’art de se faire des noeuds
Clown in street theater since 1998
Actualités
Comme les goûts, les obsessions ne s’expliquent pas. On peut juste noter leur apparition. Le moment où la graine est semée.
Dans les festivals de théâtre de rue, le public assis, peau contre peau, rit ou frémit, sans se douter qu’il reçoit sur la tête des tombereaux de semences vivaces et têtues. Après l’été, il rentre dans ses pénates retrouver ses habitudes, son quotidien, son sérieux, inconscient des germes qui dorment à présent au chaud de ses souvenirs. Ni les études, ni le boulot, ni la peur de la précarité, ne les dessèchent, et un jour, elles percent sous la normalité, petites ronces revêches.
Je ne fais pas exception. J’avais 16 ans, c’était à Aurillac, il y avait les Acrostiches, les Cousins et le Trio Maracassé. En 2 jours, la messe était dite. Pour Ivan, c’est encore pire. C’est sa prof de français de 6ème qui lui a filé sa première dose : création d’une pièce et présentation sur la place de l’hôtel de ville. C’était plié avant même d’avoir pu se débarrarser des boutons d’acné.
Longtemps après, après deux spectales et des années de tournées, un journaliste te demande au débotté ( et après avoir enfilé 14 clichés) : pourquoi la rue ? Et tu te retrouves à bégayer : ben, parce que.
parce que dans la rue, les murs sont vrais, et qu’il n’y en a jamais entre l’acteur et le public
parce que dans la rue, il y a les gens. Tous les gens, les riches, les pauvres, les vieux, les jeunes, ceux qui aiment le théâtre, ceux qui le méprisent, ceux qui ne sont pas abonnés au théâtre municipal , ceux qui lisent Télérama, ceux qui voulaient venir, ceux qui sont là par hasard, ceux que leurs enfants ont trainé, ceux qui ont trainé leurs enfants…
parce que dans la rue, ta piste c’est le quotidien, et te voilà à faire rire avec trois fois rien : une tente, une cabine, un petit gars propre sur lui…
parce que sans rideau, après les saluts, on discute, on tchatche, on papote, on échange, on tisse de l’humain et ça nous fait du bien
parce que le challenge : retenir l’attention dans la rue n’a rien à voir avec retenir un public dans une salle noire, fermée, dont il a payé une place !
parce que tout peut arriver du mec soûl qui pisse sur ta cabine à l’enfant de 5 ans qui t’aidera quoi qu’il lui en coûte, du pénible qui t’envahit à la fille qui glousse et amplifie le rire du public, du petit public tout en écoute à la grosse jauge bruyante, et qu’il faut faire avec. La vie en somme.
parce qu’il y a une forme d’intemporel à reprendre la place des troubadours de jadis pour faire vivre la cité comme eux le faisaient et que ça, c’est essentiel
J’ai bien conscience que cet intemporel est menacé aujourd’hui mais j’ai foi en la puissance des ronces.
Elles percent le macadam.
Amandine Barrillon, metteuse en scène de la cie du Petit Monsieur
Compagnie
du Petit
Monsieur
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FRANCE